Comment les banques centrales influencent les taux de change et les paiements internationaux ?

Article rédigé par Alexandre Torbay
April 22, 2025

Une influence qui touche chaque entreprise

Imaginez une PME française qui exporte des fromages vers le Japon. Un matin, elle découvre que le yen a chuté face à l’euro, rendant ses produits 10 % plus chers pour ses clients japonais. À l’inverse, une ETI importatrice de machines américaines voit ses coûts grimper après une hausse soudaine du dollar.

Ces fluctuations, qui peuvent sembler imprévisibles, sont souvent le résultat des décisions prises par des institutions puissantes: les banques centrales, comme la Banque Centrale Européenne (BCE) ou la Réserve Fédérale (Fed) américaine. Ces organismes influencent les taux de change – c’est-à-dire la valeur d’une devise par rapport à une autre – et, par extension, les paiements internationaux des entreprises.

Mais comment cela fonctionne-t-il exactement ? Cet article vous explique, étape par étape, les mécanismes en jeu, leurs impacts sur le commerce et les paiements, et comment vous pouvez en tirer parti, que vous soyez une PME ou une ETI.

Les outils des banques centrales : les clés du marché des devises

Les banques centrales, comme la BCE ou la Fed, disposent de plusieurs outils pour influencer les taux de change. Leur objectif principal est souvent de maintenir la stabilité économique – en contrôlant l’inflation ou en soutenant la croissance – mais leurs actions ont des répercussions directes sur les devises et le commerce international.

Les taux directeurs : Un levier fondamental

Le taux directeur est le taux d’intérêt auquel les banques commerciales empruntent auprès de leur banque centrale. C’est un outil clé pour influencer la valeur d’une devise.

Voici comment cela fonctionne :

• Hausse du taux directeur : Quand une banque centrale augmente son taux, comme la Fed l’a fait en mars 2022 face à une inflation atteignant 9,1 % (passant de 0-0,25 % à 5,25-5,50 % en juillet 2023), elle rend l’emprunt plus cher. Cela attire les investisseurs étrangers, qui achètent la devise locale pour profiter des rendements plus élevés. Résultat : la devise se renforce. Par exemple, le dollar s’est apprécié face à l’euro en 2022, passant de 1,13 à 0,96 en quelques mois.

• Baisse du taux directeur : À l’inverse, une baisse, comme celle initiée par la BCE en juin 2024 (de 4,5 % à 4,25 % pour le taux de refinancement), rend l’emprunt moins cher, stimulant l’économie mais réduisant l’attrait de la devise pour les investisseurs. Cela peut affaiblir la devise. L’euro a ainsi perdu de la valeur face au dollar après cette coupe, oscillant autour de 1,05 dollar.

Ces mouvements affectent directement les entreprises. Un euro plus faible rend les exportations françaises plus compétitives, mais augmente le coût des importations.

Les interventions directes sur les marchés des changes

Les banques centrales peuvent aussi intervenir directement en achetant ou vendant des devises pour ajuster leur valeur. Par exemple, en 2011, la Banque Nationale Suisse a vendu des francs suisses pour limiter leur appréciation, qui nuisait aux exportateurs locaux. Ces interventions sont moins fréquentes, mais elles peuvent stabiliser une devise en crise, comme lors de la dévaluation du peso argentin en 2002, où la banque centrale a tenté (sans succès) de limiter la chute.

Les réserves de change : Une arme stratégique

Enfin, les réserves de change – des stocks de devises étrangères – permettent aux banques centrales de gérer les crises. Par exemple, En 2024, la Banque du Japon a dû intervenir sur les marchés des changes pour soutenir le yen, qui avait atteint des niveaux critiques face au dollar, dépensant des dizaines de milliards de dollars pour stabiliser sa devise et limiter les impacts négatifs sur le commerce international.

Ces réserves, estimées à 14 000 milliards de dollars mondialement en 2024, offrent une stabilité aux devises, mais leur usage dépend des priorités stratégiques de chaque banque centrale.

Comment un taux directeur renforce ou affaiblit une devise : une explication détaillée

Pourquoi ajuster les taux : objectifs économiques

Les banques centrales ajustent les taux pour atteindre des objectifs économiques spécifiques. Voici les principales raisons :

Hausse des taux pour combattre l’inflation : Lorsque l’inflation devient trop élevée, une banque centrale augmente les taux pour réduire la demande dans l’économie. Par exemple, en mars 2022, la Fed a relevé son taux directeur face à

une inflation de 9,1 %, rendant l’emprunt plus cher et freinant la consommation excessive, ce qui a renforcé le dollar en attirant les capitaux étrangers.

•  Hausse des taux pour d’autres raisons :

-Stabiliser les marchés financiers : Une hausse peut calmer les marchés en cas de spéculation excessive, comme en 1994, lorsque la Fed a relevé ses taux pour éviter une bulle financière.

-Renforcer la crédibilité monétaire : Une banque centrale peut augmenter les taux pour signaler sa détermination à maintenir la stabilité, comme la BCE en 2000 pour asseoir la légitimité de l’euro naissant.

• Baisse des taux pour relancer la consommation et la croissance : Quand l’économie ralentit, une baisse des taux stimule l’emprunt et les dépenses. En juin 2024, la BCE a entamé des coupes de taux (de 4,5 % à 2,75 % en février 2025) pour encourager les entreprises et les ménages à investir, affaiblissant légèrement l’euro mais soutenant la croissance européenne.

Pourquoi les taux étaient à zéro en 2008 et après ? :

Contexte de la crise financière : En 2008, la crise des subprimes a plongé le monde dans une récession majeure. La Fed a ramené ses taux à 0-0,25 % dès décembre 2008, et la BCE a suivi en 2009 (taux à 1 %, puis proche de 0 % en 2014), pour éviter un effondrement économique.

Relancer l’économie : Des taux à zéro encouragent les emprunts, stimulant la consommation et l’investissement. Aux États-Unis, cela a permis une reprise progressive (croissance de 2,5 % en 2010).

Éviter la déflation : Une inflation négative (déflation) paralyse l’économie en incitant à différer les achats. Les taux zéro visaient à maintenir une inflation positive, un défi majeur jusqu’en 2015 (inflation proche de 0 % en Europe).

Soutenir les marchés : Des taux bas ont aussi stabilisé les marchés financiers, évitant une panique généralisée après la chute de Lehman Brothers.

Les effets sur les devises : un jeu d’offre et de demande

Pour bien comprendre l’impact d’un taux directeur sur une devise, il faut examiner le mécanisme économique sous-jacent. Voici une explication claire et étape par étape :

Effet sur les flux de capitaux : Les investisseurs recherchent toujours le meilleur rendement. Si la Fed augmente son taux à 5 %, alors que la BCE le maintient à 3 %, les investisseurs achèteront des dollars pour investir dans des actifs américains (ex.: obligations), ce qui fait grimper la demande de dollars et renforce la devise.

Impact sur la demande de devises : Une hausse des taux réduit la quantité de monnaie en circulation (politique restrictive), augmentant sa rareté et donc sa

valeur. À l’inverse, une baisse des taux injecte plus de monnaie, réduisant sa valeur relative.

Perception des marchés : Les taux signalent la santé économique. Une hausse des taux est souvent perçue comme un signe de confiance, renforçant la devise. Par exemple, en 2018, la hausse des taux de la Fed a signalé une économie américaine robuste, attirant les capitaux mondiaux.

Effets à long terme : Ces changements ne sont pas instantanés. Une devise peut rester forte ou faible pendant des mois, voire des années, comme l’euro entre 2014 et 2015, qui a chuté de 1,39 à 1,05 dollar après les hausses de taux américaines.

Ces dynamiques montrent pourquoi les décisions des banques centrales sont si surveillées par les entreprises internationales.

Impact sur le commerce international : gagnants et perdants

Les fluctuations des taux de change, dictées par les banques centrales, redessinent les règles du commerce international. Voici comment :

Exportations et importations : un jeu d’équilibre

Une devise forte, comme le dollar en 2022 après les hausses de taux de la Fed, rend les exportations américaines plus chères à l’étranger, mais réduit le coût des importations. À l’inverse, une devise faible, comme l’euro après les baisses de taux de la BCE en 2024, stimule les exportations européennes. Une PME française exportant des vins a vu ses ventes aux États-Unis augmenter de 15 % entre 2014 et 2015 grâce à un euro plus faible, selon des données de l’INSEE.

Coûts et compétitivité

Les variations des devises affectent aussi la compétitivité. Une ETI importatrice de composants asiatiques peut voir ses coûts grimper de 10 % si l’euro s’affaiblit face au yen. À l’inverse, une devise forte peut réduire les marges des exportateurs, comme lors de l’appréciation du franc suisse en 2011, qui a poussé les entreprises suisses à baisser leurs prix pour rester compétitives.

• Exemples d’impact :

Un euro faible (ex. : 2015) : Exportations françaises +10 % vers les États-Unis.

Un dollar fort (ex. : 2022) : Importations américaines moins chères, mais exportations en baisse.

Impact sur les paiements internationaux : des risques à maîtriser

Les paiements internationaux, qui représentent des millions de transactions quotidiennes pour les PME et ETI, sont directement affectés par ces dynamiques.

Volatilité des taux : Un risque pour la trésorerie

Une chute soudaine de l’euro, comme en 1992 après l’abandon du Mécanisme de taux de change européen, a fait grimper les coûts d’importation de 15 % pour les entreprises britanniques. Pour une PME française achetant des matières premières américaines, une baisse de l’euro de 1,10 à 1,05 dollar augmente une facture de 100 000 euros de 4 800 euros en une semaine, un choc qui peut déséquilibrer sa trésorerie.

Coûts cachés et imprévisibilité

Les paiements internationaux impliquent des conversions de devises, souvent assorties de frais. Ces coûts, estimés à 2-3 % par transaction par la Fédération Bancaire Française, s’ajoutent à la volatilité des taux, rendant les paiements imprévisibles. Une ETI agroalimentaire française, par exemple, pourrait perdre 10 000 euros sur un paiement de 200 000 dollars si le taux de change varie subitement.

• Risques à surveiller :

-Variations soudaines des taux de change.

-Frais de conversion imprévus.

-Perte de visibilité sur les coûts futurs.

Leçons du passé et contexte actuel : une influence durable

Ce que l’histoire nous enseigne

Les politiques monétaires ont toujours eu un impact majeur. En 1985, les accords du Plaza ont vu les grandes banques centrales, dont la Fed, dévaluer le dollar face au yen, augmentant les exportations japonaises de 20 % en deux ans. À l’inverse, la crise de 2008 a montré les limites de ces politiques : les baisses massives de taux par la BCE n’ont pas empêché une chute du commerce européen de 15 %. Ces leçons rappellent que les décisions monétaires ne sont pas une solution miracle.

Le contexte de 2025 : Un exemple parmi d’autres

En 2025, ces mécanismes restent à l’œuvre. La Fed, après avoir relevé ses taux en 2022, a initié des baisses en septembre 2024 (de 5,33 % à 4,25-4,50 % fin 2024), avant de les

maintenir en janvier 2025 face à une inflation persistante (2,9 % en décembre 2024). La BCE, après des hausses jusqu’en 2023, a coupé ses taux dès juin 2024 (de 4,5 % à 2,75 % en février 2025), illustrant une tentative de relancer l’économie. Ces décisions, rapportées par Bloomberg, montrent comment les banques centrales continuent d’influencer les devises et les paiements internationaux.

Conclusion : s’adapter pour prospérer

Les banques centrales, par leurs taux directeurs, interventions et réserves de change, jouent un rôle central dans la valeur des devises, le commerce international, et les paiements. Que ce soit à travers les hausses historiques des taux dans les années 1980 ou les ajustements récents en 2025, leurs décisions créent des opportunités et des défis pour les PME et ETI. Comprendre ces dynamiques – comment un taux directeur attire ou repousse les capitaux, renforce ou affaiblit une devise – est essentiel pour anticiper les fluctuations et protéger vos marges.

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